Prise en charge d’une victime

Prise en charge d’une victime

Lorsqu’une personne est blessée, la tension monte : il est alors important de bien connaitre ses protocoles et de les intérioriser. N’hésitez pas à pratiquer et à réviser, pour que cela devienne des automatismes. Qui plus est, avoir conscience que l’on connait bien ses protocoles est rassurant

Les « protocoles »

De nombreux protocoles existent selon la situation et les spécialités : l’important est donc de construire son propre protocole, tout en se basant sur des méthodes testées et éprouvées.

Un exemple de protocole simple serait l’ABC :

  • « L’ (apostropher la victime) » : vérifier l’état de conscience de la victime, en lui demander si elle vous entend ou si elle réagit aux stimulis ;
  • « Air » : vérifier que la personne respire en écoutant près de sa bouche et en vérifiant que son torse se soulève ;
  • « Blessure » : vérifier que la personne ne saigne pas abondamment
  • « Circulation » : vérifier que le sang circule en prenant son poul.

Cette méthode présente à elle seule plusieurs avantages et inconvénients, ainsi que diverses variantes. L’important est donc de bien connaitre le contexte des manifestations afin de pouvoir en déduire la meilleure marche à suivre.

De manière générale, ces « méthodes » tiennent plus du moyen mnémothechnique que de la procédure fixée. Par exemple le « ABC » sert à se rappeler que la gestion des voies aériennes est prioritaire sur la gestion d’une hémorragie (sauf si vraiment abondante) puisque la respiration est en amont du système cardiovasculaire dans le transport de l’oxygène.

Analyser son environnement

Restez à l’affût des personnes criant « médic !« , des mouvements des forces de l’ordre ou de la foule, ainsi qu’aux bruits. Avec l’expérience, il est facile de faire la différence entre l’explosion d’un pétard (bruit sec et parfois résonnant, car souvent dans des poubelles), du tir (un « feup » mou) et de l’explosion (bruit sourd et violent) d’une grenade lacrymogène ou encore d’un tir de LBD (bruit très sec et relativement peu bruyant). Si vous voyez d’autres équipes plus proches se précipiter, n’y allez pas, sauf si vous pensez qu’elles ont besoin de plus d’aide pour la sécurisation. L’entassement d’un trop grand nombre de médics sans raison mène souvent à de la confusion voire à des frictions. Dans ce cas, vous pouvez évacuer la foule pour leur faciliter le travail, puis partir.

Premier contact

Article détaillé : Gérer une foule

Traversez la foule et rendez-vous sur la victime : dès les premiers instants, tentez d’écarter la foule en demandant « écartez s’il vous plait, circulez on a besoin d’espace, merci » et trouvez les personnes connaissant la victime. Le travail d’équipe joue un rôle critique à ce moment précis : sachez rapidement assigner les rôles. La personne la plus compétente et la plus apte sur le moment à soigner la victime va sur elle avec éventuellement une deuxième personne pour l’assister, et le reste commence la sécurisation en formant une ligne autour de la victime et surveillant l’environnement. Voyant vos équipes se mettre en place, une seconde vague de personnes et de journalistes va s’approcher. Demandez à la foule de se tenir à distance comme précédemment, et écartez les journalistes en disant « respectez la vie privée de la personne, merci » ; cela devrait suffire 99% du temps. Aussi important que soit la liberté de la presse, la sécurité de la victime et de vos équipes priment.

Si vous êtes la personne qui s’occupe de la victime, pensez à donner votre nom, vous présenter comme médic et à demander son nom. Rappelez vous que le consentement de la personne prime : demande à la personne (si elle est consciente) si vous elle vous autorise à vous occuper d’elle ; cela aura en plus comme effet de la mettre en confiance.

Prise en charge

Une version plus avancée du protocole « L’ABC » évoqué précédemment est le SAFE-‘ABC. Identiquement à son petit frère, il s’agit là d’un moyen mnémotechnique plus que d’un déroulé séquentiel qui devra être adapté selon la situation.

Ce protocole se construit comme tel : le SAFE :

  • Sécurisation ;
  • Analyse ;
  • Fuite ;
  • Évaluation.

Qui constitue la première phase d’analyse du contexte même, ainsi que les mesures à prendre en conséquence pour pouvoir commencer à évaluer la ou les victimes.

La partie Évaluation consiste en le protocole L’ABC (évoqué plus haut) qui permet de décider de la marche à suivre.

Sécurisation

Il s’agit des actions à prendre immédiatement pour « Stopper la menace » : extraire la personne des gaz, d’une fenetre de tir (de LBD ou autres), de la portée d’un canon à eau… etc.

Analyse de la situation

Commencer à faire un bilan de la ou les personnes sans connaitre la situation globale peut mener au sur-accident. Il faut donc en priorité comprendre comment au mieux mettre à l’abris la ou les personnes :

  • combien y a t-il de personnes blessées ? Avec quelle gravité ? Peuvent-elles marcher voire aider ?
  • combien d' »aidants » sont disponibles ? En quelle capacité (street-médics, groupe organisé, etc) ;
  • où sont situées les menaces immédiates (canon à eau, lignes de flics, charges, gaz, etc) ;
  • y a t-il des protections à proximité (banderole renforcée, cortège, alcove, bâtiment ouvert).

La priorité est évidemment sur les personnes qui ne sont pas à même de se déplacer. Une des rares exceptions à ce protocole serait une hémorragie très abondante où tout se joue à la seconde, comme par exemple une hémorragie à la carotide.

Fuite

Si la personne n’est pas gravement blessée aux membres ou à la colonne, exfiltrez là dès maintenant avec les techniques de portage. Le reste de l’équipe continue de protéger votre groupe. Sinon, former un périmètre avec la personnes disponibles, et demander aux autres de partir pour ne pas attirer l’attention avec une trop grosse foule.

Évaluation

L’évaluation de la victime à proprement parler, à appliquer individuellement à chaque personne.

L apostrophe : état de conscience de la victime

Vérifiez que la personne est consciente et en pleine possession de ses moyens : trouver une personne qu’elle connait est alors important pour faire la différence entre des troubles cognitifs dû à un choc et un comportement atypique mais habituel. Si la personne semble consciente mais en difficulté pour parler, vous pouvez lui prendre doucement les mains et lui demander de serrer en demandant « est-ce que tu m’entends, si tu m’entends sers mes mains ». Dans le cas d’une blessure à la tête, les symptômes peuvent apparaitre une heure après voire plus : il faut donc rester vigilant et demander à ses proches de surveiller la personne quand vous la laisser.

« Air » : les voies respiratoires

La première chose à vérifier en priorité est que la personne respire correctement : en cas d’obstruction partiel ou complète des voies respiratoires, les choses peuvent aller très vite. Si la personne est consciente, demandez lui si elle éprouve des difficultés à respirer : râle, faible passage, toux, etc.

Si la personne n’est pas consciente : placez votre oreille (ou une surface lisse comme un smartphone, pour voir la buée) devant la bouche de la personne, et placez votre main juste au dessus de son torse sans appuyer : si le torse ne bouge pas et/ou que vous n’entendez pas une respiration normale, prenez le pouls de la personne avec deux doigts dans le cou ou mieux encore au poignet. Le cas échéant et si cela est possible, entamez une réanimation cardio-pulmonaire. Sinon, observez les voies respiratoires en basculant la tête de la personne en arrière (sauf si la personne est possiblement blessée à la colonne) en relevant le menton tout en appuyant légèrement sur le front pour faire pivoter la tête et pour aligner la trachée, afin de faciliter le passage de l’air et d’observer la présence d’un corps étranger. Si c’est le cas et que la personne est consciente, effectuez une manœuvre de Heimlich. Si la personne a simplement des difficultés respiratoires, tentez de diagnostiquer la raison : s’il s’agit de gaz, utilisez du maalox ou du décontaminant. S’il s’agit d’une crise d’asthme, appliquez un aérosol adapté type ventoline. Attention, ces médicaments provoquent une expansion des bronches qui peut amplifier l’effet des lacrymos : veillez à ce que la personne ne se retrouve pas dans des gaz.

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« Blessure » : les saignements

Les saignements peuvent se présenter sous plusieurs formes, de la simple plaie à l’hémorragie abondante ; cela ne témoigne pas nécessairement de la gravité de la blessure : certaines zones comme l’arcade ou le nez tendent à fortement saigner facilement. Dans le cas d’une plaie légère, il suffit de désinfecter et d’aposer un pansement. Dans le cas d’une blessure plus abondante par exemple aux membres, il ne faut surtout pas faire de garrot (qui ne sert qu’en dernier recours ou pour un membre mutilé et nécessite d’être correctement appliqué), mais de faire un point compressif avec une compresse stérile; le saignement devrait en grande partie cesser en moins une minute. S’il y a un corps étranger comme un éclat de grenade, il ne faut surtout pas le retirer car cela pourrait aggraver le saignement. Il faut donc alors faire un « donut », c’est à dire comprimer autour de l’objet. Avoir des pansements compressifs peut permettre de plus rapidement exfiltrer la personne.

« Circulation » sanguine

En parallèle : maintien de la sécurisation

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Soin des blessures

Commencez alors les soins proprement dits.