Les armes des flics

Les armes des flics

De nombreux collectifs et organisations se sont déjà penché sur un inventaire exhaustif des armes de la police (voir note et références) : vous trouverez un inventaire exhaustif sur la brochure de Désarmons Les et sur le site maintiendelordre.fr, incluant l’historique, les fabricants, les normes… etc.

On fera donc ici donc d’un simple résumé opérationnel.

La plupart des armes des flics employés notamment en manif sont des armes dites “non-létales”. En vérité, leur classification est celle d’armes à létalité réduite ou semi-létales. En plus de mutiler, elles peuvent bel et bien tuer.

Correctement identifier les armes, leurs mode d’action, leurs blessures et les résidus qu’elles laissent est essentiel pour dresser un bilan circonstanciel et correctement prodiguer les premiers secours et soins. Par exemple, si les témoins décrivent une forte explosion, que la plaie est délabrée et qu’il y a des morceaux de plastique rouge, vous avez à faire à une GM2L, et donc à de possible corps étrangers. Il faut donc éviter de faire un point compressif.

Armes contondantes

Apparence

Action

taper.

Blessure type

hématome longiligne, avec une zone claire en son centre, marquant une zone “choquée” à contrario du périmètre qui forme un hématome.

Résidus

Principalement utilisé par :

  • TONFA : les « CRS »
  • télésco : les « bacqueux »

Les flics ont deux armes contondantes (comprendre, qui tapent) dans leur arsenal, et les unités qui se servent de l’une n’utilisent généralement pas l’autre.

Les unités plus orientées “contrôle de foule” (CRS, GM, CDI, etc) utilisent le TONFA : il s’agit en effet pas d’une arme d’attaque à la base, mais de défense, pour tenir à distance une personne ou une foule. Dans les faits, on les voit régulièrement taper avec : même si le TONFA est fait d’une espèce de matière presque flexible, il peut occasionner de graves blessures. La marque typique, au delà des plaies ouvertes, est une zone rouge longiligne, avec une zone claire en son centre, marquant une zone “choquée” à contrario du périmètre qui forme un hématome.

Les “téléscos” elles sont privilégiées par les unités plus mobiles et procédant souvent à des arrestations comme la BAC ou la BRAV-M. Au delà de son aspect plus portable, elle est faite en métal et possède une “bille” au bout. Elle cause donc très facilement de graves blessures. À cause de cette “bille”, les blessures peuvent ressembler parfois à un impact avec un petit objet. On observe parfois des blessures d’enfoncement, les bacqueux prenant un malin plaisir à refermer la télésco en appuyant sur læ manifestantx au sol.

Risques :

  • Choc contondant (hématome, Fracture, plaie ouverte des parties « molles », trauma cranien)

Les grenades lacrymogènes fumigènes

Apparence

Action

capsule de 40 ou 56mm de diamètre, projettant des palets de lacrymos

Blessure type

Voir information sur les lacrymogènes

Résidus

cartouche 40mm utilisée, avec DPR 100m, ses trois palets et la capsule

Principalement utilisé par :

  • à main : tous
  • propulsées : les « CRS »

Le « lacrymogène » tel qu’utilisé dans le cadre du maintien de l’ordre est quasi exclusivement du 2-Chlorobenzylidène malonitrile, ou « CS » pour les intimes. Il s’agit pas réellement d’un gaz mais de particules. Le « gaz » lacrymo tend à descendre vers le sol.

Deux modes de dispersion existent : les grenades à main, et les grenades propulsées, en deux calibres différents, 40mm et 56mm.

Une fois lancée ou propulsée, la grenade s’ouvre après quelques secondes et libère des palets noirs, qui diffusent alors le gaz. Le nombre de palets dépend des modèles : on trouve sur la coque des marquages “CMx” ou “MPx” (par exemple, MP3, CM6, MP7, …) qui indiquent ce nombre. Typiquement, une grenade 57mm en contient 7, une grenade 40mm en contient 3.

Les grenades propulsées sont munies d’un Dispositif de Propulsion Retardée ou DPR au culot. Le culot noir propulse à 50m, le blanc à 100m et enfin celui avec une queue à 200m. Théoriquement, ces culots (ainsi que l’embout pour lancé à main) sont interchangeables, mais si c’est rarement utilisé.

Malgré leur taille, les palets de 40mm sont plus concentrés en CS (13% contre 10%), et sont souvent lancés en rafale (voir Lanceur Multi Coup), menant à des nuages bien plus denses.

Plus d’informations sur le fonctionnement chimique et les effets des lacrymogènes dans la partie Les lacrymogènes

Gazeuse à main/Spray au poivre

Apparence

Action

Spray en gel chargé en lacrymogène CS, plus rarement avec poivre de cayenne (OC)

Blessure type

Réaction lacrymos, brûlures intenses, infections aux yeux et aux muqueuses, détresse respiratoire

Résidus

Principalement utilisé par : tous

Ces gazeuses dispersent un gel, qui colle plus facilement à la peau, et appelle à un protocole spécifique pour la décontamination (voir la partie Gérer les « lacrymos »). les gazeuses à main contenaient parfois auparavant de la capsaïcine (donnant une teinte jaune) bien plus agressive, mais n’est plus présent dans les gazeuses fournies par l’état. En revanche, il n’est pas rares que les flics emploient des dotations personnelles (comprendre, achetées de leurs sous) issues des marchés pour les civils, qui contiennent de la capsaïcine (OC, bien plus agressif que le CS). Des produits marquants peuvent également être employés, donnant une teinte rouge au spray, servant à identifier les personnes impliquées.

De par la puissance du jet, elles peuvent avoir une portée étonnamment importante : à 3m, possibilité de viser une personne, à 5m et au delà possibilité de saturer l’air dans la zone.

Lanceurs (COUGAR & LMC)

Apparence

Action

Tir une capsule de 56mm de diamètre, de 50 à 200m

Blessure type

Plaie contondante (Hématome, plaies ouvertes)

Résidus

cartouche 40mm utilisée, avec DPR 100m, ses trois palets et la capsule

Principalement utilisé par : les « CRS »

Les grenades propulsées sont employées avec des “lanceurs”, qui permettent de les déclencher et les guider.

Le lanceur COUGAR sont a un de calibre 56mm, comme son prédéceur le CHOUKA. Il a longtemps été l’alpha et l’oméga du contrôle de foule. De plus en plus, on voit apparaître à ses côté le Lanceur Multi Coup dit LMC (nom commercial “Penn Arms”), qui lui est à calibre 40mm mais qui comme son nom l’indique permet de tirer plusieurs coups (environ 6 en 4 secondes). Il s’agit d’armes de 4ème catégorie capables de lancer aussi des grenades lacrymogènes, assourdissantes, des munitions « fusées éclairantes » ainsi que des projectiles type grenade de désencerclement ou balles de flashball. À noter que ce format 40mm est de fait théoriquement compatible avec le LBD, même s’il ne semble pas vraiment y avoir d’usage croisé pour le moment.

Le COUGAR est théoriquement construit pour encourager les tirs dits “balistiques” (en cloche, ~30°, le lanceur est incliné à 11°), mais ça n’empêche pas les flics de parfois s’en servir en tir “tendu” (droit dans la gueule). C’était une pratique courante durant la loi travail, jusqu’à sa médiatisation réclamant un matage des mouvements sociaux plus réglementaire. Même si c’est désormais rare, ça arrive encore de temps en temps.

Le LMC quant à lui, est clairement construit pour des tirs tendus. La réglementation veut qu’il soit employé en tir balistique, ce qui vu la posture que prennent les flics pour s’en servir n’est clairement pas l’usage idéal à leurs yeux.

Il est possible de faire la différence entre les calibres à l’oreille, le 56mm émettant un « thump » sourd, versus le 40mm qui fait un bruit plus sec type « tchi »

Risques :

  • Choc contondant (hématôme, Fracture, plaie ouverte des parties « molles », trauma cranien)

LBD et flashball

Apparence

Action

Tir un projectile de 40mm de diamètre sous la forme d’une balle en caoutchouc dur, distance 10 à 50m

Blessure type

hématome, parfois sanglant, de la forme de la balle (de face ou de côté)

Résidus

Principalement utilisé par : les « bacqueux »

Le Lanceur de Balle de Défense (LBD) et son prédécesseur le Flashball sont des armes dites « semi-létales », qui propulsent une balle en caoutchouc dur à haute vitesse pour neutraliser une cible.

Le flashball n’est plus utilisé que par la police municipale, et tend à être remplacé. Il ressemble à un revolver avec un ou deux canons, et propulse une balle ronde de 44mm. Il est hautement imprécis.

Le LBD quand à lui est désormais omniprésent : sa précision est très appréciée des forces de police. Il propulse un projectile en forme de balle de revolver de 40mm de diamètre (théoriquement compatible avec le LMC), avec une portée de tir « idéal » entre 10 et 50m. Malgré son caractère prétendument « non létal », il est responsable d’énormément de mutilations. En basse visibilité, les flics emploient un laser vert visible au travers des gaz, signe que vous devez vous mettre à couvert.

Risques :

  • Choc contondant (hématôme, Fracture, plaie ouverte des parties « molles », trauma cranien)
  • Brûlure en cas de contact latéral (« dermabrasion »)

Désencerclantes (GENL)

Apparence

Action

Explosion propulsant 18 « plots » en caoutchouc dur

Blessure type

hématome très localisé et géométrique, de la forme des plots

Résidus

un plot (ancien modèle), une grenade (nouveau modèle), et une « cuillière »

Principalement utilisé par : les « CRS »

Aussi appelée « dispositif manuel de protection » ou « grenade explosive», la grenade de désencerclement est une arme à fragmentation. Il s’agit d’un tube contenant huit grammes d’explosifs entouré de 18 projectiles en caoutchouc rigide. L’effet sonore et de choc intense provoqué par l’explosion dépasse les 160 décibels, et la force cinétique des projectiles est encore de 80 joules à 15m(ce qui suffit pour briser une vitre). Cette grenade est la redoutée des manifestants parce qu’elle a été conçue pour spécifiquement pour blesser.

Risques :

  • Choc contondant (hématôme, Fracture, plaie ouverte des parties « molles », trauma cranien)
  • Choc sonore (tympans, conscience)
  • blast, si proximité extrême (hémorragie interne, pneumothorax, tamponnade cardiaque)
  • perforation (plaie avec corps étranger, perforations internes, démembrement)

Grenades assourdissantes et effets combinés (ASSD, GL-307 & GM2L)

Apparence

Action

Explosion assourdissante dispersant le les composants de la grenade, ainsi qu’un peu de gaz lacrymogène pour certaines

Blessure type

Plaie délabrante, avec possible corps étranger

Résidus

(représentation)
morceau de coque d’assourdissante (vert), et de GM2L (rouge)

Principalement utilisé par : les « CRS », notamment les gendarmes mobiles

Ces grenades sont dites à effets « combinés » car elles ont plusieurs fonctions. La GM2L provoque un choc sonore et disperse instantanément du gaz, la GL-307 un bang et un flash… etc. Elles sont ici regroupées malgré leurs différences apparentes car leurs effets en terme de blessures sont très similaires.

Les grenades assourdissantes (ASSD) produisent une forte détonation (entre 160 et 170 décibels) et libèrent un nuage de gaz. Elles contiennent dix grammes de CS pur qui, à la différence des grenades lacrymogènes classiques, est libéré immédiatement et sous forme de poudre. L’effet sonore et le choc très intense qu’elle produit désoriente l’oreille interne des individus situés dans un rayon d’efficacité qui varie en fonction de la configuration des lieux (amplification des effets dans les espaces clos). En extérieur, l’explosion peut s’entendre à plusieurs centaines de mètres. Elles comblent désormais le rôle des GM2L lors des lancées à la main depuis l’interdiction de cette pratique. Elles génèrent un bruit « brisant et cassant » sec et susceptible d’abîmer les tympans.

La GL-307 est la nouvelle grenade assourdissantes des flics : c’est une grenade à effet « combiné » car elle génère également un flash lumineux. Elle ne crée soit-disant pas de fragments, mais son utilisation au Brésil a révélé que c’était faux. On en sait peu sur cette grenade en france compte tenu de son déploiement très récent.

La grenade GM2L s’est rendue célèbre auprès du grand public suite à Sainte Soline, où 260 de ces grenades ont été tirées. Elle remplace la GLI-F4 (Grenade de Lacrymogène Instantanée). Initialement, elles pouvaient aussi bien être jetées à la main que propulsées. Depuis Juillet 2021, seules les grenades propulsées sont autorisée, à l’aide de dispositifs propulseurs DPR de 50, 100 ou 200 mètres et grâce à des lance-grenades Chouka ou Cougar. Elles génèrent un bruit bien plus lourd que les ASSD : car l’explosion est volontairement ralentie. Elles restent néanmoins très bruyantes. Leur coque rouge caractéristique est source de nombreux corps étrangers, au même titre que le détonateur, propulsés avec une force suffisante pour provoquer des fractures et des perforations des organes. En dehors d’une proximité extrême, ces grenades n’ont pas un effet de souffle suffisant pour faire provoquer un « blast » : aucune remontée en ce sens n’a été faite.

Risques :

  • Choc contondant (hématôme, Fracture, plaie ouverte des parties « molles », trauma cranien)
  • Choc sonore (tympans, conscience)
  • blast, si proximité extrême (hémorragie interne, pneumothorax, tamponnade cardiaque)
  • perforation (plaie avec corps étranger, perforations internes, démembrement)
  • Complexité (plaies multiples)

TASER

Apparence

Action

Électrocution par le biais de deux dards propulsés

Blessure type

au delà des deux brûlures dû au choc électrique, l’électrocution peut entraîner une détresse respiratoire voire un arrêt cardiaque. En chutant, la personne peut se blesser.

Résidus

Principalement utilisé par : police nationale et municipale

Les « Tasers » sont des armes à impulsion électrique. Les forces de l’ordre de police et de gendarmerie sont parfois équipées d’un Pistolet à impulsion Électrique, qui est une arme de 4ème catégorie. Ce Taser envoie deux dards à 7,60m de distance (50m/sec) équipés de crochet venant se fixer sous la peau, certains Tasers, dits « à impulsion » forment un arc électrique. L’arme expédie durant 19 séquences de cinq à onze millisecondes une charge de 2mA avec un pic de 50 000 volts. L’objectif est d’immobiliser la victime. En france, le pistolet à impulsion électrique est le X-26 de Axon Enterprise.

AII (Appareil à Impulsion Incapacitante aka Taser)

Risques :

  • brûlure
  • arrêt cardio-respiratoire

Canon à eau

Apparence

Action

Propulsion d’eau à haute pression

Blessure type

Blessures similaires à celle d’une chute

Résidus

Principalement utilisé par : les CRS (exclusivement)

Le canon à eau est un véhicule blindé qui projette de l’eau à haute pression. Ils ne sont efficaces que sur quelques dizaines de mètres et nécessitent un important réservoir compte tenu d’un débit d’eau de 15 litres par seconde, certains transportant jusqu’à 8000 litres d’eau. Cette eau est généralement croupie, et contient parfois des agents marqueurs. Considérée comme prétendument sûre pour une arme, les jets dirigés vers les visages peuvent avoir des conséquences élevées, et à courte distance il est possible que la pression de l’eau provoque des fractures. Les opérateurs ont l’habitude de simuler un manque de portée pour que les personnes s’approchent et pouvoir les surprendre.

Risques :

  • Blessures traumatiques similaire à une chute
  • traumatisme cranien

Notes et références

Police : enquête sur la formation alarmante aux tirs de lance-grenade Cougar, Le Monde sur Youtube

https://www.dailymotion.com/video/x4krfug « Le camion anti-émeute de la police nationale », vidéo de présentation du cannon anti-émeute

Ce qu’il faut savoir sur les lacrymo

Brochure sur les armements et le maintien de l’ordre, par le collectif « Désarmons-les ! »

Police française : des grenades brésiliennes pour terroriser la population, sur Contre-Attaque