S’organiser

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Le binôme

avant toute chose, il est nécessaire de créer des binômes/trinômes qui ne doivent se séparer sous aucun prétexte durant toute la manifestation. Le but est de s’assurer que tout le monde a un contact direct garanti avec une autre personne qui pourra informer le reste des coéquipier-ères en cas de soucis, que ce soit lors d’une dispersion hasardeuse, un embarquement en Garde à vue ou un transfert à l’hôpital. Il est difficile de garder plus de une ou deux personnes dans son champs de vision à la fois et au delà les équipes tendent à régulièrement se fragmenter lors d’imprévus. Très important aussi, ce binôme doit être composé de personnes ayant le même niveau de « motivation » : il est très dangereux que celui-ci se sépare durant l’opération sur la simple base qu’une personne veut continuer/se rapprocher du danger et l’autre non. Pensez également à régulièrement checker que votre binôme va bien durant la manifestation, y compris psychologiquement. Une manifestation peut être éprouvante et une personne habituellement zen peut sous couvert de fatigue faire une crise d’angoisse subite ; la bienveillance prime donc.

Lors d’une prise en charge d’un personne blessée par un seul binôme, une personne, celle qui se sent en confiance et a les compétences pour les gestes requis, prend en charge la personne blessée pendant que l’autre l’assiste et se charge de la sécurisation et de la gestion de la foule.

L’équipe

Si le nombre de personnes disponibles est suffisant, il est possible de former une ou plusieurs équipes composées chacune de plusieurs binômes se déplaçant ensemble dans la manifestation. Il est conseillé de s’en tenir à des équipes de deux à six personnes, basés sur les binômes/trinômes précédemment évoqués, et composés de personnes se faisant confiance et se qui connaissent bien. Au delà, les groupes tendent à facilement se séparer malgré eux. Il peut être utile de nommer ces groupes car il y a de fortes chances que ceux-ci se séparent ou se regroupent temporairement au fil de la manifestation du fait du contexte compliqué. Cela facilite le « redéploiement » et permet de facilement visualiser qui est avec qui et donc de communiquer.

Ces groupes doivent prendre en compte les compétences et appréhensions de tout le monde : certaines personnes peuvent n’avoir aucun souci avec les situations à risques et sont prêtes à aller chercher les blesséxs dans la masse (on parle parfois de « plongeurxs ») mais peuvent avoir des soucis avec la vue du sang, et vice versa. Il est donc très important de communiquer sur ses ressentis, surtout que ceux-ci peuvent varier selon les jours.

Le placement de chaque équipe est également important : il est possible par exemple d’avoir des équipes plus en amont du front, plus préparées au risques, et d’autres équipes plus en arrière pour exfiltrer les personnes blessées, faire les soins ou plus simplement gérer les soucis mineurs (malaises, etc).

Arrangez vous pour vous retrouver avant la manifestation, afin de pouvoir effectuer un briefing dans le calme : vérifiez que tout le monde va bien, communiquez les binômes, et communiquez sur votre placement à venir au cours de la manifestation. Cela peut également être l’occasion de repérer les noms de rue, les halls et magasins ouverts, des points d’intérêts pour se rassembler… etc.

Il est également conseillé de se retrouver après la manifestation, afin de se soutenir, recouper les informations et éviter les rumeurs, débriefer les événements, etc.

Spécialisation

Selon leur capacités et leurs envies, certaines personnes préfèrent se concentrer sur une partie précise de la street-medic. Par exemple, on trouve des « plongeurx » qui s’occupent d’aller chercher les personnes blessées et faire les dégagement d’urgence, et les « mules » qui portent une grande quantité de matos pour le reste de l’équipe.

Certaines équipes font le choix de s’assigner de rôles, qui peuvent tourner. Une personne est directement désignée en amont pour la prise en charge des soins, une autre pour assister (ce qui peut être pratique pour se former), une autre la gestion des alentours, une autre les communications… Cela permet d’éviter les hésitations sur le terrain, mais peut cantonner injustement des personnes à des rôles jugés « moins glorieux » par celles-ci. Si vous choisissez ce mode d’organisation, assurez-vous de bien communiquer et de régulièrement refaire le point sur les rôles que chacunx prend.

Coordination inter-équipes

Il n’est pas rares que plusieurs collectifs/associations/groupes coexistent sur le terrain, parfois avec des mode de fonctionnement différents. S’il n’y a aucune injonction à faire collaborer directement ces groupes, il est important de ne pas se gêner : cela passe donc encore une fois par une bonne communication (pour peu que tous les groupes impliqués soient de bonne volonté).

S’il est important de prendre en compte les compétences de chacun-e (diplômes, expérience, connaissances) en considération, il faut être vigilant quant à l’apparition de hiérarchies sur la base de celles-ci : le fait qu’une personne dispose d’un diplôme de médecine ne signifie pas qu’elle connaît les manifestations, et vice-versa. L’égo n’a pas sa place sur le terrain.

Notes et références

Street Medic Handbook, Occupy Chicago, 2012