Qu’est ce qu’être « Street-médic »

Qu’est ce qu’être « Street-médic »

Les street-médics sont des bénévoles fournissant des premiers secours dans des contextes à risque (principalement des manifestations) où les institutions ne sont pas forcément présentes directement, notamment pour assurer le relai avec celles-ci.

Historique

Street-médics autonomes, Berlin Ouest, années 80

Le mouvement des street medics naît aux États-Unis avec le mouvement afro-américain des droits civiques et le mouvement anti-guerre dans les années 1960[1]. En France, il émerge de manière significative lors de la loi travail et trouve ses racines dans la ZAD de Notre-Dame-des-Landes aux alentours de 2010. Historiquement, les street-médics sont issues des milieux d’extrême-gauche et portent des revendications politiques, notamment contre la violence policière et la gestion de l’ordre par l’État en général.

Fin 2018 lors du mouvement des Gilets-Jaunes, quelques street-médics sont présent-e-s dès le début. Mais face à l’ampleur du mouvement, un mouvement de secouristes bénévoles empruntant le terme street-médics et issu-e-s en grande partie du milieu médical émerge et constitue alors une partie non-négligeable des équipes présentes lors des manifestations. Néanmoins, ces équipes diffèrent des street-médics par une volonté d’être neutre (dans la ligne de leur travail habituel), tout du moins lorsqu’elles sont sur le terrain en blanc. Avec la répression en cours, notamment contre les medics, certains groupes neutres tendent à finalement se politiser.

Sur le terrain

Historiquement, les street-médics ne travaillent pas seulement en manifestation, mais dans n’importe quelle situation hostile (répression policière dans les quartiers, ZAD, squats, etc) nécessitant des équipes pour les premiers soins voire des gestes médicaux. Certains groupements en France maintiennent d’ailleurs, dans la limite des ressources disponibles, ce rôle : mais la plupart se concentrent sur les manifestations, l’ampleur des problèmes sociaux liés à la santé rendant la tâche quasiment impossible pour un simple collectif. En ce sens, ce guide se concentre sur les manifestations, mais la plupart des conseils présents ici sont applicables dans d’autres contextes.

Originellement, les street-médics étaient identifiables sur le terrain part un simple brassard blanc[2], voire non-visibles, du fait d’une forte répression les visant tout particulièrement. Durant les Gilets Jaunes, il est devenu courant que les personnes s’identifient plutôt par un haut blanc (t-shirt, chemise, etc).

Street-médics, médics, secouristes…

Le contexte compliqué, mêlant objectifs relativement identiques et positionnements politiques divergents amène à des frictions dans certaines villes, même si dans l’ensemble les différentes équipes cohabitent sur le terrain sans trop d’accrocs. Dans une volonté de se démarquer, ces nouveaux secouristes commencent alors rapidement à se distancer du terme « street-médics » et emploient alors des termes moins marqués politiquement comme « médics volontaires », « secouristes bénévoles » ou plus simplement « médics ». Néanmoins le terme « street-médics » reste employé (notamment par les médias) pour désigner ces personnes dans leur ensemble. Dans cette logique, ce guide emploie le terme « Street-médics » pour désigner les secouristes bénévoles dans leur ensemble.

Rôle et compétences

Contrairement aux idées reçues, les soins ne constituent qu’une petite partie du rôle de street-médic, car il ne s’agit la plupart du temps que de gestes de premiers secours en attendant des personnes plus aptes. Les compétences principalement mises en œuvre :

  • Connaissance du contexte de manifestation (70% du travail) : savoir lire (et dans une certaine mesure, prédire) les mouvements de la foule et des forces de l’ordre, afin d’une part de pouvoir se placer correctement pour être utile sans prendre trop de risques, mais aussi afin de pouvoir rester calme dans un contexte stressant ;
  • Sens de l’humain (20%) : s’ouvrir le front dans sa cuisine et dans une manifestation violente ne sont pas la même chose. En plus d’être blessée, la personne se retrouve au milieu d’une foule en panique, des gaz, des explosions et potentiellement seule si elle a perdu de vue ses camarades dans l’action. Dans ces cas là, même une personne usuellement calme peut être sujette à des crises de panique ; il faut donc savoir rassurer la personne afin de pouvoir la sécuriser puis la soigner sans que les choses ne s’enveniment. Cela s’applique également aux personne qui sont dans votre équipe de street-médics, ainsi qu’à votre propre personne ;
  • Enfin seulement, les premiers secours (10%) : cela nécessite de bien connaitre ses protocoles de soins afin d’éviter le sur-accident.

L’importance de l’humilité

Compte tenu de l’importance vitale du rôle de street-médics, il est critique de ranger son égo de côté et de prendre sur soi lorsque l’on dialogue avec quelqu’un : aucun diplôme, aucune année d’expérience sur le terrain, aucun charisme ne justifie d’écraser les autres. Quand une personne vous fait une remarque, faites preuve de remise en question. Dans un cadre bienveillant, il est possible de passer par de la communication non violente🡕.

Se former

Se former pour être street-médics est compliqué : cela ne requiert pas des années d’études, mais nécessite d’assimiler beaucoup d’éléments différents (les forces de l’ordre, les logiques de foules, les soins, etc) qui s’articule dans un contexte compliqué (les manifestations). Une compréhension intuitive est nécessaire afin de pouvoir surveiller tous ces éléments en même temps et réagir en conséquence. Ce Wiki a pour vocation de fournir une base de connaissance et d’apprentissage, mais il est nécessaire par la suite de se former auprès de collectifs. Cela permet d’apprendre à articuler le tout, en plus d’avoir l’opportunité d’apprendre sur le terrain sans se mettre en danger. En ce sens, n’hésitez donc pas à vous rapprocher des collectifs de street-médics de votre région.

Notes et références

  1. « History of street-medics », on medic.wikia.org
  2. Ce brassard porte parfois un insigne, mais jamais une croix-rouge : voir Conseils légaux