Faire un bilan

Faire un bilan

À ce stade, la personne a été dégagé du danger et est stabilisée, vous laissant le temps d’analyser la situation à nouveau, cette fois dans le détail. Le but est donc de préparer les premiers secours et d’anticiper les soins à venir.

Bilan Circonstantiel

L’environnement

  • Où étaient les adversaires ? Quelles unités étaient présentes ? Avec quelles armes ?
  • Y a-t-il des résidus éventuels de ces armes pour identifier la cause ?
  • Y a-t-il des témoins qui sont présents ? Des proches ?

La personne

Selon son état de conscience, on s’appuiera sur les proches ou les témoins

On demandera à la personne si elle sait ce qui a provoqué la douleur, comment elle décrirait la douleur, où elle a mal, à quel point (de 1 à 10, volontairement subjectif, surveiller l’évolution), et depuis combien de temps. Pour souvenir, on peut employer l’acronyme PQRST : Provocation, Qualification, Région, Sévérité, Temps.

Méfiez-vous du niveau de douleur indiqué dans le cas de plaies sérieuses : sous l’effet de l’adrénaline, les gens peuvent ignorer des douleurs très importantes.

Si elle est inconsciente, Il peut y avoir des indices sur ce qu’elle faisait au moment de l’incident comme des vêtements spécifiques, Des marques de brûlure/déchirure/etc.

Bilan neurologique

Un bilan neurologique est plus retors qu’il peut sembler : il existe de nombreux états intermédiaires entre conscient et inconscient, et une personne consciente peut être refermée sur elle-même pour d’autres raisons.

Le bilan neurologique le plus simple est l’AVPU (Alert, Verbal, Pain, Unresponsive) ou EVDA en français (Éveillé, Voix, Douleur, Aucune). Si la personne va bien, elle est Éveillée. Sinon elle peut répondre à la Voix, à la douleur (en appuyant sous l’ongle), ou ne pas répondre (Aucune).

Si la personne semble consciente, on peut lui demander trois informations pour vérifier qu’elle est « située » :

  • Où elle est
  • La date
  • Ce qu’il s’est passé

Les deux premières informations permettent de savoir si la personne est située dans l’espace et le temps. Une information que vous pouvez transmettre aux services de secours. Attention, certaines personnes sont perdues dans les dates par nature, l’année peut suffire.

Si elle ne sait pas ce qu’il s’est passé, on suspectera une Perte de Conscience Initiale (PCI), qui est une bonne raison d’appeler les secours.

Les pertes de consciences spontanées durant l’intervention sont sujet à inquiétude, particulièrement si elles dépassent 45 secondes.

L’examen des pupilles est intéressant lors d’un possible traumatisme crânien : on observe alors leur taille (qui doit être moyenne), leur symétrie (identique) et leur réactivité à la lumière (avec la fameuse lampe torche ou LED de portable). On peut également cacher les deux yeux avec sa main et vérifier que les pupilles réagissent en même temps. En cas d’anomalie, on suspectera un trauma crânien.

Enfin si nécessaire et pour pousser plus loin, on peut faire un « Glasgow » ou « échelle de Glasgow », comme suit :

Ouverture des yeuxRéponse verbaleRéponse motrice
1 – pas d’ouverture même à la douleur1 – ne parle pas1 – aucune réaction
2 – ouverture à la douleur2 – incompréhensible2 – sous douleur, extension et rotation interne des membres supérieurs, les paumes se tournent vers l’extérieur (décérébration)
3 – ouverture à la demande3 – répond à côté3 – à la douleur flexion de l’avant-bras sur le bras (décortication)
4 – spontanée : ils sont ouverts4 – fait des erreurs4 – à la douleur, le bras tente de se retirer
5 – normale5 – à la douleur, le bras se retire dans la bonne direction
6 – aux ordres

On additionnera chaque score, et on placera sur l’échelle :

  • 15 : conscience normale
  • 14 à 10 : somnolence ou coma léger
  • 9 à 7 : coma lourd
  • 6 à 3 : coma profond ou mort clinique

Ce score peut être transmis aux secours.

Bilan respiratoire

Commencer par voir si la personne respire si ce n’est pas évident. Pour cela, placer son oreille (ou une surface vitrée comme un smartphone pour regarder la buée) devant sa bouche, et placer sa main juste au dessus du torse de la personne blessée. Dans certains cas de malaises, la respiration peut être très subtile.

Compter le nombre de respiration sur une minute : celui-ci devra être aux alentours de 15, ou 30 en cas d’effort physique avant. Observer si la respiration est ample, normale ou superficielle. Enfin, observer sa régularité.

Écoutez le bruit de sa respiration, à savior s’il y a des bruits anormaux. Vous recherchez un sifflement (qui signifierait un asthme ou une obstruction partielle) ou un râle (signe d’œdème suite aux gaz par exemple).

Observez le pourtour de la bouche et les ongles : s’ils sont bleutés, il s’agit de cyanose. La personne n’est pas assez ventilée.

Surveillez la peau : la sueur peut être un indicateur de surplus de CO₂, même si ça peut être causé par autre chose.

Enfin, observez le reste du corps : si le ventre semble faire une danse (on parle de respiration paradoxale), que les côtes se creusent et/ou que le cou se crispe, la personne est en tirage. La personne est en grave détresse respiratoire.

Si vous ave un oxymètre, vous pouvez mesurer son taux de saturation : en dessous de 90% (contre 96-100% en situation normale) la personne devrait être placée sous oxygène.

La différence type entre de l’asthme et une crise d’angoisse sera d’ailleurs le taux d’oxygène, qui est affecté par l’asthme.

Bilan cardio-circulatoire

Prendre le pouls de la personne, au niveau du poignet ou du cou (carotidien), de l’intérieur du coude (brachial) ou du poignet (radial). Le rythme normal devrait être 60 à 80 battements par minutes, mais les gaz lacrymogènes peuvent augmenter cette valeur. Le pouls sera frappé (bien marqué) ou filé (mou), régulier ou irrégulier, symétrique ou asymétrique en radial (au poignet).

si vous avez un tensiomètre, vous pouvez mesurer la tension avec. Sinon, vous pouvez gruger : si vous pouvez prendre un pouls au radial, la systolique (le « grand » nombre de la pression artérielle) est d’au moins 80. Si vous ne l’avez pas mais que vous avez le pouls carotidien, vous êtes entre 50 et 80. Sinon, vous êtes sous 50.

Enfin, en pinçant le bout d’un doigt, vous pouvez vérifier qu’il se recolore bien et rapidement (< 3secondes). À comparer gauche/droite si besoin.

Bilan complet

Ces bilans vitaux faits, on pourra faire si ça semble nécessaire une observation de l’entièreté de la personne, en vérifiant la présence d’anomalies (trous, déchirures, brûlures) sur les vêtements, des placements de membres bizarres, etc, en partant de la tête en observant attentivement et en finissant aux pieds, pour trouver toute plaie secondaire.

si vous prenez la température, apprenez les variations de température telles qu’indiquées par la documentation de votre thermomètre. Sauf valeur très hors-norme, la valeur sera avant tout pour surveiller son évolution.